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Ilöfler
Voici cependant a quoy se reduisent les raisons, que Son
Eminence a su alleguer pour colorer ce qui s’est pass« ä Seville au
prejudice des traites. II est vray, qu’elle parle encore de quelques
autres plaintes des princes d’Italie, mais comme eile n'a pas juge a
propos de les specifier, on ne sauroit y repondre; et pour ce qui
regarde les promesses faites par les ministres de l’empereur au
grand duc de Toseane, S. M w . Imperiale auroit manque a ce, qu’elle
se doit a eile meme, et a ce qu’elle doit a la justice, si eile avoit
balance un moment a asseurer ce prince, qu'elle 1’ assistera de
toutes ses forces, en cas que contre la teneur des traites on presumat
de le troubler dans la paisible possession de ses etats.
Les sentiments de l’empereur sont donc toujours uniformes et
les memes, qu'ils ont ete depuis le commencement de la presente
negociation a s^avoir qu'il est determine a se tenir aux traites, et
qu’il regardera l’introduction des garnisons Espagnoles dans les
places fortes de Toseane et de Parme pour ce qu’elle est en effet,
c’est a dire, pour une infraction manifeste de celuy de la Quadruple
Alliance; mais en meme temps ce prince persiste ä n’etre pas eloigne,
de se preter a touts les autres moyens, qui pourroient etre juges
necessaires pour assurer d’avantage la succession eventuelle de
Toseane et de Parme a l'infant D. Carlos, pourvu que ces moyens
fussent tels, qu’ils ne donnassent pas atteinte ni aux droits d'autruy
ni aux conventions anterieures. II est clair qu’avec justice on n'en
sauroit exiger davantage, et qu'en se declarant de la sorte l'empereur
fait tout ce, qui depend de luy, pour parvenir a une pacification
generale; car ce seroit un cas innoui jusqu’a present, et evidemment
contraire a touts les noeuds qui font subsister la societe humaine,
que de pretendre le forcer, ou a blesser les droits d’autruy, reconnus
par des traites solennels ou a se departir d’une Convention, a la
quelle les puissances, qui se trouvent maintenant dans le party oppose,
Pont eiles memes engage. La candeur et la piete, que M r . le Cardinal
de Fleury professe, donnent un juste sujet de confiance ä l'empereur,
que les affaires ne seront jamais pörtees h ces extremites, et Sa
Majeste ne negligera certainement rien de snn cote, pour aider a
les conduire ä une fin plus considerable.